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17 juin 2022

Rédiger du contenu via interview exploratoire

Si vous avez l’œil, vous aurez peut-être constaté une anomalie dans notre précédent article : j’ai rédigé un article sur un sujet dans lequel je n’étais absolument pas impliqué.

En effet, l’article en question portait sur la réalisation d’un site en 5 jours, projet réalisé par Claire et Aktar. D’ailleurs, si vous l’avez loupé, n’hésitez pas à y jeter un œil : De la conception à la mise en production, un site en 5 jours.

Qu’est-ce que je fais là, du coup ? Et bien j’expérimente des choses !

La rédaction d’articles chez socraft

Communiquer, c’est la base de tout.

Chez socraft, nous accordons une grande valeur à la communication, et cela passe notamment par du partage. Ce partage peut prendre diverses formes : des craftdays, meetups, sessions de partage interne, articles de blog etc..

Chaque format a ses avantages et inconvénients. Si l’article de blog n’est pas forcément le meilleur d’entre eux, il a le mérite d’initier le dialogue avec le plus grand nombre : vous qui lisez ces lignes en êtes la preuve !

Pour garder un contact régulier avec vous, nous avons donc un backlog de sujets qui nous passionnent, et que nous souhaitons partager avec vous.

Ces sujets sont priorisés de sorte à faire cohabiter la rédaction d’articles avec nos autres tâches de tous les jours, puis dépilés lorsque nous avons du temps à y consacrer.

Habituellement, c’est celui qui propose l’idée qui s’attaque à sa rédaction (you say it, you own it) : après tout, on n’est jamais mieux servi que par soi-même ! Si un sujet est suffisamment intéressant pour quelqu’un, c’est généralement cette personne qui est la plus à même de véhiculer son intérêt.

Et c’est donc sur ce point qu’une ligne a été franchie : j’ai rédigé un article sur un thème qui ne me concernait pas. Et pour ainsi dire, un thème dont je ne savais pas grand chose, étant donné que je n’étais pas dans le projet.

Bah alors, Alvaro il pique les tâches des autres !?

Non, c’est faux ! Ils étaient d’accord pour que je prenne la tâche, d’abord, et socraft soutient les initiatives dès qu’elles sont au service de l’équipe et de la vision de socraft !

Pour poser le contexte, quelques temps en arrière, Aktar et Claire ont travaillé sur la conception d’un site web en 5 jours (à ce stade vous êtes au courant, je pense). Vu que le sujet était très intéressant, il semblait naturel de partager l’aventure par le biais d’un article, donc ça a fini dans le backlog.

Petit bémol : ni Aktar ni Claire n’a eu le temps de traiter le sujet suffisamment vite pour que ce soit encore chaud. Et si vous aussi vous êtes un créateur de contenu, vous comprendrez certainement qu’il est important de battre le fer tant qu’il est chaud. A trop attendre, l’inspiration part, sans garantie de retour.

On s’est donc retrouvé dans une situation où un sujet d’article super intéressant était sur la sellette, car si personne ne le prenait, le ticket finirait par disparaître.

Dans ce contexte, une question se pose…

Comment raviver l’inspiration ?

Je n’ai pas de réponse formelle à cette question. Elle me suivra encore pendant de nombreuses années je pense. D’ailleurs, si vous avez des idées, n’hésitez pas à venir vers moi, ça m’intéresse !

Petite réflexion :

Partons du principe qu’il faut battre le fer tant qu’il est chaud.
Si trop de temps s’écoule, un sujet finit par être froid.
Mais si je partage ce sujet avec quelqu’un d’autre, que se passe-t-il ?

Eh bien, le sujet est chaud pour cette personne !

Du coup, une manière de raviver l’inspiration pourrait être de partager la connaissance à son prochain !

Je suis allé vers Aktar, et lui ai posé les questions suivantes :

  • Est-ce qu’il serait inspiré à écrire l’article sur ce sujet ? Non.
  • Est-ce qu’il considère toujours ce sujet comme intéressant à partager ? Oui.
  • Du coup, est-ce qu’on essaie d’écrire l’article en collaboration ? Oui !

Et c’est ainsi que nous nous sommes lancés dans une expérimentation : un article de blog réalisé sur la base d’une interview !

(Si vous êtes journaliste ou copywriter, à ce stade vous êtes certainement en train de vous payer ma tronche, mais n’oubliez pas qu’à la base je suis un développeur svp !)

L’interview exploratoire appliqué à l’écriture d’article

Un manque d’inspiration pour écrire un billet ?
Pas de problème, parlons-en !

Les pré-requis à cet exercice étaient très simples :

  • 1h de temps
  • Une salle où s’isoler pour discuter au calme
  • De quoi prendre des notes
  • De quoi enregistrer la discussion

C’est tout !

Il n’y avait aucune préparation en amont, ce qui en a fait une séance particulièrement plaisante. Quoi de mieux que d’arriver les mains dans les poches, surtout en tant qu’organisateur ?

Concrètement, le déroulé était le suivant :

  • 5 minutes : Présentation de l’exercice et des règles du jeu.
  • 5 minutes : Définition du thème de l’article.
    • Qu’est-ce qui t’inspire dans la mission accomplie ?
    • Si tu ne devais retenir qu’une chose de ce projet, qu’est-ce que tu souhaiterais partager ?
  • 40 minutes : Interview
    • Écoute active et prise de note
    • Relance avec des questions ouvertes lorsque l’échange s’interrompt
      • Comment la mission a-t-elle démarré ?
      • Quels ont été les moments du projet qui t’ont marqué ?
      • Pourrais-tu m’en dire davantage sur… ?
  • 20 minutes : Consolidation
    • Reprise des notes réalisées
    • Confirmation de la compréhension
    • Confirmation des points clés qui ressortiront dans l’article

A la fin de cet exercice, nous avons pu observer plusieurs choses :

  • Le sujet n’est pas si froid que ça finalement, il y a beaucoup de choses à dire.
  • Il suffit de se donner le temps, et créer un espace propice au partage pour provoquer une grande inspiration.

Pour ma part, j’ai repris mes notes et réécouté l’enregistrement après cette séance pour compiler mes notes et parvenir à produire un article me donnant satisfaction.

Après quelques heures, je suis donc arrivé à la phase de relecture : chez socraft, j’ai la chance de pouvoir faire appel à mon équipe pour peaufiner encore un peu ce que je rédige afin de vous en offrir le meilleur !

Et grande surprise : pour la première fois, l’article que j’ai rédigé a été approuvé par l’équipe directement. D’habitude, on passe par une phase de Perfection Game. Cela renforce encore plus le sentiment de victoire associé à la formule testée.

Fun fact : l’idée ne venait pas de moi

Dans ma quête pour devenir un meilleur développeur, je suis actuellement en train de lire le livre Software Craft réalisé par Cyrille Martraire, Arnaud Thiéfaine, Dorra Bartaguiz, Fabien Hiegel et Houssam Fakih.

Dans ce livre, parmi tout le savoir dont il regorge, j’y ai appris l’existence de plusieurs manières de travailler en binôme, dont une qui s’appelle la navigation strong style.

La navigation strong style, c’est quoi ?

Dans le cadre du développement logiciel, c’est une manière de faire du pair-programming reposant sur le constat suivant :

Pour transmettre une idée de votre esprit à l’ordinateur, il faut la faire transiter par les mains de quelqu’un d’autre. – Llewellyn Falco

Pour citer Software Craft :

Le binômage en navigation strong style permet de découpler la réflexion de l’écriture du code. Celui qui a l’idée principale n’a pas le clavier et est donc davantage impliqué dans la réalisation de la tâche, puisqu’il s’agit de son idée que l’on implémente. Celui qui a le clavier est nécessairement impliqué car c’est lui qui transmet l’idée à la machine, en recevant les directives du copilote.
Cette manière de faire renforce l’implication des deux participants, notamment grâce à une meilleure synchronisation.

Je trouve cette manière de procéder particulièrement intéressante, et je me réjouis de pouvoir l’expérimenter avec mon équipe.

C’est quoi le rapport ?

Supprimons la notion de développement du concept dont je viens de vous parler.

On parle d’une manière de binômer reposant sur un principe simple :

  • Celui qui a l’idée n’a pas de quoi écrire
  • Seul son binôme a le droit de prendre des notes et rédiger l’article
  • Celui qui a l’idée doit la partager à son binôme avec suffisamment de profondeur pour qu’il puisse réaliser un article sur cette base

C’est sacrément proche, vous ne trouvez pas ?

Ce qui m’amuse dans cette histoire, c’est que j’ai fait le rapprochement seulement après avoir fini d’écrire l’article. Inconsciemment, mon cerveau a assimilé la navigation strong style et l’a détourné dans le but de rédiger collaborativement un article.

Le cerveau humain, c’est quand même quelque chose !

a propoS